4) Finale (Genèse 2, 24) :
c’est la morale de l’histoire :
« C'est pourquoi
l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils
deviendront une seule chair. »
Notez :
première apparition dans le Livre Saint de la « chair » בָשָׂר, BaSaR, σάρξ, sarx – laquelle fera l’objet durant des
siècles de tant de gloses…
Plus intéressant à relever, ce que n’ont pas
manqué de faire les Pères, le comportement de Dieu : il sépare pour réunir. Il sépare, au sein d’Adam premier, l’homme
et la femme, et cela dans quel but ? pour qu’ils s’unissent, non plus
indistinctement, comme dans l’Homme originel, mais en surmontant librement et
consciemment leur distinction, et cela dans l’union
conjugale. Car c’est bien de l’union conjugale qu’il s’agit, comme l’expliquera
Jésus en son temps (Matthieu 19, 5 ; Marc 10, 6-7).
Par similitude, les Pères ont considéré que
Dieu a séparé de lui, c’est-à-dire créé,
l’Homme pour ensuite l’épouser et par là le
déifier. D’où la présence prégnante tout au long des Ecritures des épousailles,
du banquet de noces.
5) Finale,
ai-je dit ? Pas tout à fait. Dieu en effet nourrit un dessein qui
n’est point caché puisqu’il l’énonce dès la création de l’Homme anthropos,
de l’homme-et-femme. Que fait-il (Genèse 1, 28) : « Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez,
remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la
mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la
terre. »
« Soyez
féconds, multipliez… » Or même dans le jardin d’Eden où n’existait pas la
sexualité, puisqu’elle n’est survenue qu’à la chute, le seul véhicule de la
fécondité, c’était, mais selon des modalités spirituelles que nous ne
connaissons pas et ne pouvons pas connaître avec nos sens affaiblis, l’union des contraires, ou, pour parler plus
exactement, l’union de ces semblables-dissemblables que sont l’homme et la
femme. S’il n’y avait que des dissemblables, il n’y aurait pas d’union
possible ; s’il n’y avait que des semblables, il y aurait union possible mais
inféconde.
Le dessein de
Dieu s’accomplit donc de toute évidence dans le mariage de l’homme et de
la femme, leur union conjugale. Et
cette union trouve son accomplissement dans la procréation – qui, comme son nom l’indique, est un acte créateur à
l’image et dans le prolongement de l’acte créateur premier accompli par Dieu.
Aussi, dans la tradition juive, la fécondité est-elle reconnue comme un signe
de la faveur divine, et la stérilité comme un signe de défaveur. D’où la
détresse d’Anne, la future mère de Samuel, et ses plaintes à Dieu à cause des
avanies que lui vaut sa stérilité (1 Samuel 1-20). Et le cas n’est pas unique.
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