dimanche 19 mai 2013

(2/6) Quelques réflexions théologiques sur l'homosexualité et le mariage homosexuel




Adam premier est donc homme+femme et non pas homme+homme ni femme+femme.

Pourquoi ? Le chapitre 2 de la Genèse l’explique en plusieurs épisodes.

1)Dieu dit (Genèse 2, 18) :
« Il n’est pas bon que l’Homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui ».
Il y a là comme un reflet de la création divine. Bien que Dieu ne soit pas ontologiquement seul, puisqu’il est Trois, cependant il veut créer un autre qui lui est « semblable » tout en étant différent. Et cet autre, c’est l’Homme au milieu de l’univers. De même la femme (γυνή, mulier), tout en étant semblable par sa nature à l’homme (ἀνήρ, vir) ne lui sera pas identique du fait de ses caractéristiques physiologiques[1] : homme et femme ne seront pas, ne sont pas interchangeables.

2)Episode suivant (Genèse 2, 19-20) :
Dieu crée les animaux et les fait défiler devant l’Homme afin qu’il leur donne leurs noms c’est-à-dire leur confère leur identité. « Mais il ne trouva point d’aide semblable à lui. »

3) Conséquence (Genèse 2, 21-23) : « Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil (ἔκστασιν, extase) sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. »

Ce que je disais plus haut du littéralisme s’applique bien entendu ici : Dieu n’a pas pris un couteau de charcutier pour découper une côtelette dans le corps de l’Homme ! Que se passe-t-il ? Dieu extrait de l’Homme (avec une majuscule) le genre féminin dont il constitue cette fois LA femme (et non la totalité des femmes) : γυνή (gunè, gynè) ; reste alors l’homme (avec une minuscule) : ἀνήρ (anèr, génitif ἀνδρὸς, andros).

Sont ainsi posées face à face l’entité masculine : l’homme, et l’entité féminine : la femme. Toutes deux sont bien distinctes. Et pourtant subsiste entre elle ce rapport de similitude souligné à plusieurs reprises (ὅμοιος). Similitude d’autant plus marquée que l’une tire son origine de l’autre ou, plus exactement, l’homme et la femme tirent tous deux leur origine de l’Homme premier, dont le nom, Adam, sera révélé un peu après (dans le chapitre 5 déjà cité).

Or – et cette réflexion est mienne, elle ne provient pas des Pères de l’Eglise – cette dissociation n’a pas été absolue : il n’y a pas, d’un côté, la virilité pour ainsi parler chimiquement pure et, de l’autre côté, la féminité chimiquement pure. Il y a des rémanences de l’une dans l’autre, et réciproquement. (Je ne vais pas invoquer ici le Yin et le Yang, mais j’y pense). Cela explique que des hommes possèdent des caractéristiques psychologiques féminines plus ou moins marquées, y compris des attirances, et inversement pour des femmes (exemple qui n’est pas unique, on disait de Mme de Staël qu’elle avait un cerveau d’homme dans un corps de femme). J’anticipe, mais cela méritait d’être précisé. Je veux en effet qu’il soit bien clair que si, pour les besoins du raisonnement, je distingue nettement l’homme et la femme, dans la réalité cette distinction est loin d’être aussi tranchée.

L’homme et la femme ne sont donc pas étrangers l’un à l’autre. Ce qu’indique de façon marquante - mais uniquement en hébreu – l’exclamation de l’homme : « on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. » Ceci n’a aucun sens ni en grec, ni en latin, ni dans aucune des langues dans lesquelles la Bible a été traduite. Mais en hébreu homme se dit אִישׁ, ISH, et femme אִשָּׁה, ISHa, ce qui donne : « celle-ci sera nommée ISHa, parce qu'elle a été prise de ISH ».

En fait le jeu de mots pouvait être rendu en ancien français d’une façon très fidèle : « celle-ci sera nommée hommesse, parce qu'elle a été prise de l’homme » - le terme « hommesse » étant attesté jusqu’au XVIe siècle… et repris par Martines de Pasqually.






[1] Ces différences physiologiques existent dès le monde paradisiaque puisqu’elles sont constituantes de la masculinité et de la féminité. Elles ne deviendront sexuelles qu’après la chute.  

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