mercredi 29 mai 2013

(5/6) Quelques réflexions théologiques sur l'homosexualité et le mariage homosexuel

Je veux maintenant pousser l’analyse encore plus loin en revenant à la question cruciale : qu’est-ce que le péché ?  Laissons de côté les très nombreuses fautes que l’apôtre Paul énumère à plusieurs reprises (par ex. Romains 1, 28-32) pour aller à la racine. C’est dans les paroles du Christ lui-même qu’on la découvrira : le péché irrémissible, c’est-à-dire pour parler clair le péché en soi, c’est le péché contre l’Esprit, qui est, déclare Jésus, « un péché éternel » (Matthieu 12, 31-32 ; Marc 3, 28-30 et Luc 12, 10). Citons Matthieu : « C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. »  Et Marc : « Je vous le dis en vérité, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu'ils auront proférés ; mais quiconque blasphémera contre le Saint Esprit n'obtiendra jamais de pardon : il est coupable d'un péché éternel. »

Or qu’est-ce, en réalité, que le péché ou le blasphème contre le Saint Esprit ? c’est le péché de Judas. Et le péché de Judas, c’est l’absence de confiance dans la miséricorde infinie de Dieu qui est toujours prête à pardonner, c’est le refus de l’amour de Dieu (que communique le Saint Esprit). En d’autres termes, c’est le péché contre l’Amour.

Règle : Il n’y a pas d’autre péché que le péché contre l’Amour.

Est-ce que l’amour homosexuel, ou plutôt homophile, entre dans cette catégorie ? Poser la question c’est y répondre. L’Ecriture nous en présente elle-même un exemple tout à fait remarquable : c’est l’affection amoureuse qui unit Jonathan et David et qui est décrite aux chapitres 19, 20 et 23 du 1er livre de Samuel. Qu’on se souvienne. Les relations entre le roi Saül et son ancien favori étant devenues exécrables, à cause de la jalousie de Saül pour les exploits guerriers de David, il cherchait par tous les moyens à le faire périr. Mais son fils Jonathan, non content de plaider la cause de David devant son père, l’avertissait de toutes les manigances du roi. La cause ? « Jonathan fit alliance avec David, parce qu'il l'aimait comme son âme. » (1 Samuel 18, 3) Et ceci, qui est touchant : « Il ôta le manteau qu'il portait, pour le donner à David ; et il lui donna ses vêtements, même son épée, son arc et sa ceinture. » (Ibid. 18, 4). Et encore : « Jonathan protesta encore auprès de David de son affection pour lui, car il l'aimait comme son âme. » (Ibid. 20, 17) Et cet amour n’était pas unilatéral. Saül et ses trois fils, dont Jonathan, ayant été défaits et tués par les Philistins, David composa un « cantique funèbre » […] « qu’il ordonna d’enseigner aux enfants de Juda » et qui figure au premier chapitre, versets 19 à 27 du 2d livre de Samuel. A propos de Jonathan, on y lit : « Je suis dans la douleur à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu faisais tout mon plaisir ; ton amour pour moi était admirable, au-dessus de l'amour des femmes. » (Ibid. 1, 26) Cet amour réciproque est-il condamné ? bien au contraire, il est montré en exemple.

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Je voudrais maintenant faire un sort, et ce sera rapide, à la double proclamation citée plus haut : « L’homosexualité doit être perçue comme le résultat de la rébellion de l’humanité contre Dieu […]. Elle ne doit donc pas être considérée comme une manière de vivre et d’agir pour des hommes et des femmes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu ».

Rébellion contre Dieu ? Où la voit-on ? La source de cette idée est claire, c’est la liaison causale que l’apôtre Paul fait entre idolâtrie et homosexualité ; mais cette liaison n’est rien moins que prouvée, c’est une simple assertion. Tout ce qui a été développé montre bien que le statut homosexuel ne répond à aucune intentionnalité. On n’est sûrement pas homosexuel par volonté de se rebeller contre la loi de Dieu. Des rebelles contre Dieu, il y en a proportionnellement autant chez les hétérosexuels que chez les homosexuels.

D’autre part, qui a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu ? L’homme mâle ἀνήρ ? La femme féminine (si l’on ose dire) γυνή ? (D’ailleurs certains théologiens se sont demandés sérieusement si la femme avait bien été faite à l’image et à la ressemblance divines…). Ni l’un ni l’autre. Ou plutôt l’un et l’autre tout ensemble, car incorporés dans l’Homme premier ἄνθροπος, Homme androgyne, je le rappelle, et englobant toutes les virtualités possibles.

Ainsi, sauf le respect dû aux autorités ecclésiastiques en cause, des deux proclamations ne sont rien d’autre que des sophismes.



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