Je
veux maintenant pousser l’analyse encore plus loin en revenant à la question
cruciale : qu’est-ce que le
péché ? Laissons de côté les
très nombreuses fautes que l’apôtre Paul énumère à plusieurs reprises (par ex.
Romains 1, 28-32) pour aller à la racine. C’est dans les paroles du Christ
lui-même qu’on la découvrira : le péché irrémissible, c’est-à-dire pour
parler clair le péché en soi, c’est le péché
contre l’Esprit, qui est, déclare Jésus, « un péché éternel » (Matthieu 12, 31-32 ; Marc
3, 28-30 et Luc 12, 10). Citons
Matthieu : « C'est pourquoi je
vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le
blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le
Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint
Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à
venir. » Et Marc : « Je vous le dis en vérité, tous les
péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu'ils auront
proférés ; mais quiconque blasphémera contre le Saint Esprit n'obtiendra jamais
de pardon : il est coupable d'un péché éternel. »
Or
qu’est-ce, en réalité, que le péché ou le blasphème contre le Saint
Esprit ? c’est le péché de Judas. Et le péché de Judas, c’est l’absence de
confiance dans la miséricorde infinie de Dieu qui est toujours prête à
pardonner, c’est le refus de l’amour de
Dieu (que communique le Saint Esprit). En d’autres termes, c’est le péché contre l’Amour.
Règle :
Il n’y a pas d’autre péché que le péché
contre l’Amour.
Est-ce
que l’amour homosexuel, ou plutôt homophile, entre dans cette catégorie ?
Poser la question c’est y répondre. L’Ecriture nous en présente elle-même un
exemple tout à fait remarquable : c’est l’affection amoureuse qui unit
Jonathan et David et qui est décrite aux chapitres 19, 20 et 23 du 1er
livre de Samuel. Qu’on se souvienne. Les relations entre le roi Saül et son
ancien favori étant devenues exécrables, à cause de la jalousie de Saül pour
les exploits guerriers de David, il cherchait par tous les moyens à le faire
périr. Mais son fils Jonathan, non content de plaider la cause de David devant
son père, l’avertissait de toutes les manigances du roi. La cause ? « Jonathan fit alliance avec David,
parce qu'il l'aimait comme son âme. » (1 Samuel 18, 3) Et ceci, qui
est touchant : « Il ôta le
manteau qu'il portait, pour le donner à David ; et il lui donna ses vêtements,
même son épée, son arc et sa ceinture. » (Ibid. 18, 4). Et
encore : « Jonathan protesta
encore auprès de David de son affection pour lui, car il l'aimait comme son
âme. » (Ibid. 20, 17) Et cet amour n’était pas unilatéral. Saül et ses
trois fils, dont Jonathan, ayant été défaits et tués par les Philistins, David
composa un « cantique funèbre » […] « qu’il ordonna
d’enseigner aux enfants de Juda » et qui figure au premier chapitre,
versets 19 à 27 du 2d livre de Samuel. A propos de Jonathan, on y
lit : « Je suis dans la douleur
à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu faisais tout mon plaisir ; ton amour
pour moi était admirable, au-dessus de l'amour des femmes. » (Ibid. 1,
26) Cet amour réciproque est-il condamné ? bien au contraire, il est
montré en exemple.
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Je voudrais maintenant faire un sort, et ce sera
rapide, à la double proclamation citée plus haut : « L’homosexualité doit être perçue comme le résultat de la rébellion de
l’humanité contre Dieu […]. Elle ne doit donc pas être considérée comme une
manière de vivre et d’agir pour des hommes et des femmes faits à l’image et à
la ressemblance de Dieu ».
Rébellion contre Dieu ? Où la
voit-on ? La source de cette idée est claire, c’est la liaison causale que
l’apôtre Paul fait entre idolâtrie et homosexualité ; mais cette liaison
n’est rien moins que prouvée, c’est une simple assertion. Tout ce qui a été
développé montre bien que le statut homosexuel ne répond à aucune
intentionnalité. On n’est sûrement pas homosexuel par volonté de se rebeller
contre la loi de Dieu. Des rebelles contre Dieu, il y en a proportionnellement
autant chez les hétérosexuels que chez les homosexuels.
D’autre part, qui a été fait à l’image et à la
ressemblance de Dieu ? L’homme mâle ἀνήρ ? La femme féminine (si l’on ose dire) γυνή ? (D’ailleurs certains
théologiens se sont demandés sérieusement si la femme avait bien été faite à
l’image et à la ressemblance divines…). Ni l’un ni l’autre. Ou plutôt l’un et
l’autre tout ensemble, car incorporés dans l’Homme premier ἄνθροπος, Homme
androgyne, je le rappelle, et englobant toutes les virtualités possibles.
Ainsi, sauf le respect dû aux autorités
ecclésiastiques en cause, des deux proclamations ne sont rien d’autre que des
sophismes.
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