Longtemps, l'Orthodoxie a parlé à l'Occident en langages importés. Désormais, ce sont les langues maternelles occidentales qui "parlent orthodoxe". C'est un de ces parlers qu'on fera entendre ici, en souhaitant que ces paroles deviennent "verbe".Il faut verber, disait le Philosophe Inconnu. Pas d'équivoque ! Ces paroles sont miennes exclusivement, et n'engagent que moi : aucune Eglise, aucun organisme initiatique.
dimanche 26 mai 2013
EVEQUES ENLEVES... QUI EN PARLE ?
Les deux évêques d’Alep toujours enlevés en Syrie, les métropolites,
(De gauche à droite) Yohanna IBRAHIM
(Syriaque orthodoxe) et Paul YAZIGI (grec-orthodoxe)
Sa Béatitude Jean X d’Antioche, primat de l’Eglise grec -orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, a prononcé le 20 mai 2013 en l’église de la Sainte Croix à Damas, une allocution en présence du nonce apostolique accrédité en Syrie et des représentants de toutes les confessions chrétiennes, et ce lors de l’office de prières en solidarité et d’appel à la libération des deux évêques.
Le Christ est ressuscité, en Vérité Il est ressuscité !
Bien - aimés, voilà que nous avons traversé avec vous le chemin de croix de notre Sauveur et nous l'avons vu dans la sépulture après sa crucifixion, et puis ressuscité des morts, nous ressuscitant avec Lui. Prenons-Le alors comme exemple pour chacun de nous, et puisons de Sa vie glorieuse parmi nous un nectar et un parfum qui embaument nos blessures. Notre Seigneur a suivi le chemin de Croix et de la Passion, ce chemin qui conduit á la Résurrection. La Résurrection du Seigneur est la fin de son chemin de Croix. La Résurrection du Seigneur est la lumière qui illumine le coeur de toute personne humaine et le rend un lieu de repos pour le Christ. La Résurrection du Christ est ce brin de lumière qui disperse les cendres de la complaisance et du découragement, des braises de nos âmes.
Ta Résurrection Seigneur est source d'espérance dans les coeurs ravagés par le désespoir et dans les âmes soumises au découragement. La Résurrection du Seigneur ne se reconnait pas dans les âmes qui ruminent les peines et les tristesses. La Résurrection du Seigneur réside dans les âmes qui aspirent, à partir des entrailles des peines et des ténèbres des tragédies, à l’espérance. Qu’il est heureux ce rocher qui a dissimulé le corps du Seigneur. Qu’elle est heureuse cette sépulture qui a pu contenir le Seigneur mort! Le corps du Seigneur a pris patrie dans la sépulture, faisant d’elle un ciel, comme il prend patrie et réside en chacun d’entre nous, dans l’eucharistie et nous transporte jusqu’au ciel, faisant de nous les temples de Son Esprit Saint.
Notre espérance, en cette période pascale, est qu’on puisse prendre exemple, chacun de nous, du tombeau du Christ, ce tombeau qui a accueilli le mort et a fait jaillir la Vie, qui a été dans l’obscurité et les ténèbres et est devenu une niche de lumière. Que nos âmes soient à son exemple, quelque soient les fléaux qu’elles affrontent, que l'espérance de ces âmes soit placée dans le Seigneur ressuscité du tombeau et qui a fait jaillir la lumière pour nous et pour la création toute entière, et proclamons avec le Chrysostome: O mort où est ton aiguillon? Enfer où est ta victoire? Le Christ est ressuscité et toi-même es terrassé. Le Christ est ressuscité, et les démons sont tombés. Le
Christ est ressuscité, et les Anges sont dans la joie. Le Christ est ressuscité et voici que règne la vie. Le Christ est ressuscité et il n’est plus de mort dans le tombeau!
Je m'adresse à vous, avec mes frères, leurs béatitudes les patriarches, et les révérends évêques, et les causes de douleur nous entourent encore de toutes parts. Les dangers menacent, dans notre bien aimé pays, la Syrie, nos demeures et font que l’être humain est menacé dans son pain quotidien, dans son vécu, dans sa résidence et dans sa vie. Nous sommes soumis à l’épreuve tous les jours par le meurtre ou par l’enlèvement et par toutes les formes de ruines et de destructions.
Une nouvelle fois, nous déplorons et désapprouvons l’épisode de l’enlèvement de nos deux frères, les évêques, Paul, métropolite d’Alep, d’Alexandrette et des alentours pour les grec-orthodoxes d’Antioche, et Youhanna Ibrahim, métropolite d’Alep pour les syriaques orthodoxes, ainsi que le meurtre du chauffeur qui les accompagnait, et nous condamnons leur non-libération à ce jour malgré tous les efforts déployés dans ce contexte. Je partage avec vous la douleur que nous ressentons tous, mais nous affirmons et nous disons que nous ne sommes pas disposés à accepter la situation que vit actuellement notre être humain, ici et maintenant. Nous oeuvrons pour que notre refus de cette réalité soit le miroir de ce qu’est notre foi. Nous refusons cette réalité et nous la condamnons. Nous n’avons pas peur de même de ceux qui adoptent la violence comme voie, car nous sommes les enfants de la Résurrection. Que nous soyons tués, que nous soyons enlevés, que nos demeures soient détruites, tout cela ne va pas atteindre ni réduire notre détermination à s’accrocher à notre citoyenneté et à la coexistence, à s'accrocher à notre terre, et à réclamer le droit et la justice dans nos contrées.
Pour cela, chacun de nous, que ce soit ici dans cet espace antiochien (de l’Eglise mère) ou bien en diaspora, est appelé à exprimer sa préoccupation, et son refus du déroulé des évènements, loin de tout alignement politique. La cause du christianisme est la cause de l’être humain car notre Seigneur s’est incarné pour son salut. Je profite de cette occasion pour adresser, en votre nom, vous qui êtes dans la patrie ou en diaspora, un appel à la communauté internationale pour l’inciter à déployer tout ce qui est possible pour faire libérer les enlevés dont l’absence nous fait de la peine. Le fait de s’empresser à tourner cette page est d’une très grande importance pour prévenir les dangers des conséquences qui peuvent en résulter. Notre appel est également insistant pour oeuvrer à trouver une solution rapide à la situation qui prévaut dans notre pays bien aimé la Syrie, et ce pour prendre pitié de ce peuple témoin d’une civilisation issue d’une présence humaine distinguée depuis des milliers d’années, et pour prévenir des impacts et réflexions qui pourraient atteindre l’ensemble de la région.
Enfants bien-aimés, tout en recevant les bénédictions de la glorieuse Résurrection, multiplions les supplications et nos prières pour qu’elles soient un chemin de témoignage vivant, par lequel nous demandons à Dieu pour qu’Il éloigne l’injustice de tous, pour que les enlevés reviennent à leurs bien aimés, que les personnes endeuillés soient consolées, que les durs de coeur soient inspirés pour qu’ils soient dissuades de nuire à leurs frères humains. J’invite à prier toujours avec un esprit contrit, en étant conscients que si nous sommes soumis à la tentation par toutes ces épreuves, nous avons en Dieu un lieu de refuge, conscient aussi que Dieu ne se détourne pas de nous. Que l’amour, que le service, que le courage soient une introduction à la joie de la Résurrection, cette joie qui ne nous sera pas ôté.
Le Christ est ressuscité !
Source : Chroniques Antiochiennes Edition Spéciale Enlèvement des Evêques Situation en Syrie/Responsable de la rédaction: Carol Saba/ homélie du patriarche Jean d’Antioche du 20 mai à Damas
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