LA FOI, LA SCIENCE ET
THOMAS L'INCREDULE
Par
Vladimir MOSS
La vraie foi et la vraie science sont entièrement
compatibles, car elles décrivent toutes deux la vérité, dont la source est
Dieu. Les incompatibilités et les contradictions surgissent quand il s'agit
soit de fausse foi ou de fausse science. Ainsi Père Seraphim Rose écrit:
"Même si la connaissance révélée est plus élevée que la connaissance
naturelle, pourtant nous savons qu'il ne peut y avoir aucun conflit entre la
véritable révélation et la vraie connaissance naturelle. Mais il peut y avoir
conflit entre la révélation et la philosophie humaine, qui est souvent dans
l'erreur. Il n'y a donc pas de conflit entre la connaissance de la Création
contenue dans la Genèse, telle qu'elle est interprétée pour nous par les saints
Pères, et la vraie connaissance des créatures que la science moderne a acquise
par l'observation ; mais il y a très certainement un conflit irréconciliable
entre les connaissances contenues dans la Genèse et la vaine spéculation
philosophique des scientifiques modernes, peu éclairée par la foi, sur l'état
du monde dans les six jours de la Création".
Galilée par le Tintoret (1695) |
Prenons le conflit entre le Pape et Galilée. Il s'agissait
d'un conflit entre la fausse foi et la vraie science. Le Pape a pris comme
divinement révélé - c'est-à-dire comme un principe de foi - que la terre était
plate. Mais il n'y avait pas et il n'y a pas une telle révélation divine - en
fait, le prophète parle de "cercle de la terre" (Isaïe 40:22). Depuis
lors, les scientifiques athées ou agnostiques ont pris comme article de leur
foi, que chaque fois que la foi et la science semblent être en conflit, la foi
est erronée. Mais c'est, bien sûr, une fausse conclusion. Quand la science
véritable confronte la fausse foi, elle rend service à la vérité en démasquant
une superstition. Mais il y a aussi des superstitions scientifiques...
"Mais la science est en constante progression", me
direz-vous. "Nous devons donc accepter ses dernières découvertes. Sinon,
nous serons comme le Pape qui a rejeté Galilée. Après tout, le pape avait une
foi fausse, et Galilée avait raison de croire que la terre est ronde.
"Mais que faire si nous avons la vraie foi, et que les scientifiques en
question ne sommes pas aussi intelligents que Galilée? Comme orthodoxes nous ne
sommes en aucun cas obligés de rejeter Galilée - même si nous sommes obligés de
rejeter Darwin et Dawkins.
Car notre foi n'est pas un système métaphysique farfelu qui est compatible avec n'importe
quel événement historique concret ou n'importe quelle hypothèse scientifique.
Au contraire, comme un arbre, elle est concrètement ancrée dans le sol des
événements historiques, même si ses branches s'étendent bien au-dessus de la
terre et du ciel dans les cieux. Et il importe peu que vous coupiez l'arbre
plus haut sur le tronc, dans le domaine de la théologie pure, ou à la racine,
dans le domaine des faits historiques et des hypothèses scientifiques. Ainsi,
nous renonçons également à la foi si nous acceptons l'hérésie théologique du
Filioque, ou de fausses hypothèses scientifiques, telles que l'évolutionnisme, ou
l'idée des physiciens que nous pouvons, en théorie, revenir en arrière dans le
temps et tuer nos propres pères, ou l'idée que nous croyons en Dieu par désirs
inconscients d'une figure de père, ou que le Christ n'est pas mort, mais s'est
réveillé d'un coma et a poussé la pierre du tombeau. Le résultat est le même:
la foi est détruite.
Lorsque nous sommes confrontés à de telles hypothèses
scientifiques fausses, nous devons faire un choix: croyons-nous notre foi ou
cette "prétendue science", comme saint Paul l'appelle (I Timothée 6
:20)? Si nous croyons que la source de notre foi, c'est Dieu Lui-même, Qui ne
peut mentir, mais que Lui-même s'est avéré être la Vérité par sa résurrection
d'entre les morts, et que nous appartenons à l'Église de Dieu, qui est "la
colonne et le fondement de la vérité "(I Timothée 3:15), alors nous devons
rejeter ces hypothèses scientifiques, même si nous ne pouvons pas voir
immédiatement la faille dans leur argumentation. Cela peut demander un peu de
courage (jusqu'à ce que les preuves réfutant les fausses hypothèses
scientifiques émergent), mais c'est en réalité une décision très rationnelle,
et pas seulement un produit de ce que les incroyants aiment à appeler la foi
"aveugle".
Car notre foi, étant fondée sur la vraie raison, satisfait à
la fois l'esprit et le cœur. Elle lie tout ensemble dans un système cohérent
qui s'auto-renforce à chaque point. Aucun autre système ne satisfait de cette
façon; tous les autres systèmes religieux-philosophiques inventés par l'homme,
y compris ceux qui mettent la science à la tête de l'édifice, sont à la fin
auto-contradictoires. Par conséquent, même si certains "faits"
apparaissent, qui semblent contredire notre foi, il est beaucoup plus logique
de conserver notre foi tout en soumettant les nouveaux «faits» à la critique
sceptique. En ce qui concerne ces "faits", nous devons être comme
Thomas l'incrédule et vraiment les vérifier en utilisant toutes les ressources
de la foi et de la raison. Et si nous ne pouvons pas les réfuter immédiatement,
il faut nous toujours croire, car «Heureux ceux qui n'ont pas vu [les preuves
scientifiques ou logiques] et qui ont cru» (Jean 20 :29).
Incrédulité de saint Thomas par Rembrandt 1639 |
Car si nous devions
rejeter notre foi, tous les problèmes, intellectuels, philosophiques et moraux,
qui ne posent aucun problème pour nous maintenant, en tant que croyants,
redeviennent des problèmes pour nous. Et de très sérieux problèmes, problèmes
qui font de toute l'histoire de l'univers, comme Macbeth le dit, "un conte
plein de bruit et de fureur, qui ne signifie rien... " "En tout
cas", a dit saint Basile le Grand, "préférons la simplicité de la foi
aux démonstrations de la «raison». " [1]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://www.orthodoxchristianbooks.com/articles/
Note :
[1] Saint-Basile, Homélie 1 dans l'Hexaemeron.
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