La résurrection des corps, de la matière.
La tradition nous dit qu’à la résurrection le monde corporel va acquérir
un caractère spirituel. Ce sera la résurrection du temporel mais du temporel
spiritualisé. Oui mais le corps, c’est la terre et la terre va ressusciter.
Tout ce qui est matière. Le corps va acquérir les caractères du monde
spirituel. La Résurrection, c’est l’Esprit qui vient, comme le prince,
réveiller la princesse endormie. La princesse, c’est la chair. Le prince la
réveille, l’épouse et en l’épousant, il lui confère la Vie spirituelle.
Définitivement.
Quand les apôtres ont vu le Christ ressuscité, ils ont constaté que son
corps n’était plus soumis à la pesanteur, qu’il traversait la matière. C’était
un corps qui avait acquis les caractères spirituels. On peut dire cela pour
chacun et pour la terre entière.
Saint Maxime le Confesseur dit : « A la résurrection, nous serons simultanément vieux, adultes et
jeunes ; le corps ne sera plus soumis au monde temporel ou spatial ».
Est-ce que cela veut dire que notre être aura pris le pas ? C’est inexact.
En disant cela vous tombez dans le spiritualisme. Vous le savez, l’homme est un
paradoxe. Il est constitué d’esprit et de matière. Par abnégation, l’esprit se
donne à la matière pour l’élever.
Bien sûr, quand l’esprit devient orgueilleux, il ne se donne plus et, à ce
moment là, la mort descend dans la matière. Elle meurt alors qu’elle n’est pas
faite pour mourir. C’est la résurrection qui restaure les relations entre la
matière et l’esprit. Autrement dit, l’esprit se redonne à la matière et alors,
celle-ci dépasse les cieux.
Elle remonte l’échelle angélique et va au-delà. C’est cela. La
résurrection, c’est la transfiguration de la matière, la réincarnation de
l’esprit. Cela ne veut pas dire du tout que vous allez récupérer vos yeux, vos
pieds. On a tendance à dire que le monde physique, ce n’est presque rien. Et
bien ce presque rien va devenir presque tout.
Je vous donne un exemple : au cours de votre existence, vous inscrivez
dans un corps une multitude d’éléments, toute votre vie en fait. Dans le monde
transfiguré, vous retrouverez ces éléments. Il faut bien comprendre que le
corps n’est pas un emballage mais un associé à part entière. Une réalité que
nous ne connaissons pas vraiment.
Et voici qu’un jour le corps meurt. Pourquoi ? Parce qu’il est épuisé. Et
pourquoi est-il épuisé ? Parce que l’esprit profite de lui mais ne lui donne
rien, si bien que ce pauvre corps n’arrive à soutenir la vie spirituelle. Donc
il meurt. Et à la résurrection, l’esprit va venir le réveiller et lui dire : « je t’épouse ».
(…)
Le Christ est venu montrer que le spirituel et le corporel sont liés pour
toujours.
Autrement dit que la mort n’est pas une réalité. Jean a dit : « Le Verbe s’est fait chair » pour montrer que la chair est une personnalité unique et éternelle.
Après la mort, elle doit donc retrouver cette réalité pour l’éternité. Là est
la réponse chrétienne.
La résurrection de la chair, c’est qu’un jour, dans toutes ses couches, le
monde physique recevra les caractères du monde spirituel. De même que l’homme
sera déifié, le corporel sera spiritualisé. »
Mgr Germain de Saint-Denis, Pour
une théologie du cœur, Le Fennec éditeur, 1994, pp. 249-252.
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